Si vous suivez l’actualité de l’écosystème de l’innovation, vous n’avez pas pu rater ce terme : Deeptech (ou Deep Tech). Il est omniprésent dans la communication des institutions publiques et de nombreux autres acteurs du domaine.
Les entreprises Deeptech sont aujourd’hui au centre des stratégies gouvernementales, elles contribuent à la souveraineté de leur pays dans le monde et vise à améliorer la société en apportant des solutions technologiques aux grands défis de l’humanité. En effet, comme toutes les entreprises innovantes, les Deeptech participent activement aux avancées sociales et environnementales. Elles sont justement, avec leurs technologies de pointe, les fers de lance de la réponse à ces défis : véhicules propres, nouvelles sources d’énergie, techniques de retraitement des déchets, lutte contre la faim… Autant de sujets sur lesquels l’innovation technologique de rupture est nécessaire pour ouvrir la voie !
Alors forcément être une Deeptech offre des avantages comme la possibilité d’obtenir des aides et subventions à l’innovation généreuses ou d’attirer des capitaux privés. Mais avant d’aller plus loin, il est important d’expliquer ce qu’est une Deeptech et les critères à respecter.
Au sommaire de cet article :
Article mis à jour le 23/07/2024
Définition de la Deeptech
La notion de « Deeptech » désigne l’ensemble des entreprises et des projets développant des produits ou des services fortement technologiques. Ces produits et services sont basés sur des nouvelles technologies avancées (exemples : ARN messager, intelligence artificielle, nanotechnologies, microalgues…). Ils constituent des innovations de rupture avec l’existant. Souvent issues de la recherche en laboratoire, les Deeptech poursuivent un objectif ambitieux : révolutionner leur domaine d’activité.
L’utilisation des technologies avancées implique d’importants efforts de R&D nécessitant des compétences de pointe et donc des ressources financières conséquentes. Cependant, l’impact des solutions apportées par les Deeptech est, lui aussi, important et leur perspective de croissance est ainsi bien supérieure aux autres typologies d’entreprises.
C’est pourquoi les startups de la Deeptech constituent une cible de choix pour des investisseurs privés. Depuis 2017, la Deeptech est même devenue le premier secteur d’investissements en Europe. Les fonds privés se sont adaptés en prenant en compte les risques et les incertitudes fortes, qu’ils acceptent au vu des potentiels d’hypercroissance.
Le label Deeptech de Bpifrance
Les financeurs publics ont également suivi le rythme en se dotant de fonds de plus en plus conséquents pour soutenir les entrepreneurs dans leurs projets Deeptech. L’État a, par exemple, lancé en 2019 le « plan Deeptech » qui fait de ces entreprises hautement technologiques une priorité nationale avec un renfort important des fonds publics dédiés à leur soutien.
Big, le plus grand rassemblement business d’Europe, organisé par Bpifrance
Comme souvent, l’application de cette volonté de soutien est confiée à Bpifrance. La banque publique d’investissement délivre en effet un label « Deeptech » aux entreprises qui passent son audit avec succès. Ce label donne accès à des dispositifs de financements publics spécifiques, conçus pour répondre aux enjeux des entreprises labélisées.
L’obtention de ce label Deeptech se fait directement auprès d’un chargé d’affaires Bpifrance selon quatre critères :
- Technologie en lien avec le monde de la recherche :
- Personnel très qualifié (docteur, étudiant thèse CIFRE, ingénieur)
- Partenariat avec des laboratoires de recherche
- Création d’un avantage fortement différenciateur :
- Amélioration forte des performances
- Bénéfice important en coût, délai ou qualité
- Barrières à l’entrée :
- Verrous technologiques
- Propriété intellectuelle
- Une mise sur le marché (Go-to-market) longue, complexe et capitalistique :
- Go-to-market atteignable d’ici à plusieurs années
- Verrous technologiques et incertitude à lever
- Budget total important
Le financement de l’innovation d’une Deeptech
L’obtention du label Deeptech par Bpifrance donne accès à des dispositifs d’aides publiques adaptés aux exigences du projet et à son stade de maturité :
- Pour une entreprise de moins d’un an avec un projet encore dans sa phase de faisabilité : direction la Bourse French Tech Emergence. La BFTE est une subvention allant jusqu’à 90 000€ avec un taux de financement de 70%.
- Pour un projet dans une phase de développement plus mature, des dispositifs plus généreux s’ouvrent alors comme l’Aide au Développement de l’Innovation Deeptech (jusqu’à 2 M€ de subvention et d’avance remboursable avec un taux de financement de 50%) ou encore les concours d’innovation i-Lab et i-Nov.
Bon à savoir sur le concours d’innovation i-Phd, i-Lab et i-Nov :
i-Phd : Il s’adresse aux doctorants ou jeunes docteurs souhaitant créer leur entreprise à partir de leurs résultats de recherche développée au sein d’un laboratoire public. Subvention d’un montant maximal de 30 k€.
i-Lab : Il s’adresse aux entreprises de moins de 2 ans (ou aux porteurs de projets en passe de création d’entreprise) utilisant une technologie innovante. La faisabilité du projet doit déjà avoir été établie. Subvention d’un montant maximal de 600 k€.
i-Nov : Il s’adresse aux entreprises pouvant prendre, à travers leurs travaux de recherche, un leadership dans leur domaine. Ce programme permet de cofinancer (en subvention et avance remboursable) des projets de R&D dont les coûts représentent entre 1 et 5 millions d’euros.
Il existe également des dispositifs à plus grande échelle financés par l’Europe, comme l’EIC-Accelerator : un dispositif du programme Européen Horizon 2020, réservé aux Deeptech, extrêmement sélectif, mais qui donne accès à des financements conséquents en subvention (jusqu’à 2,5M€ avec un taux de financement de 70%).
En complément des subventions à l’innovation, une Deeptech pourra également bénéficier des aides fiscales à l’innovation notamment le crédit impôt recherche (CIR) et le statut jeune entreprise innovante (JEI).
Bon à savoir :
Le statut Jeune Entreprise permet d’obtenir une réduction des charges Urssaf sur le personnel de R&D et une exonération de l’impôt sur les sociétés (100% sur le premier exercice bénéficiaire, 50% sur le deuxième).
Le crédit impôt recherche permet de récupérer 30% des dépenses en R&D.
Les enjeux d’une Deeptech
Une entreprise Deeptech doit relever de nombreux défis. Il lui faut réussir techniquement à mener à bien ses travaux de R&D, trouver les financements suffisants pour supporter ses coûts, protéger son innovation de la copie des concurrents et enfin faire de son produit final un succès commercial.
Pour réussir tous ces challenges, cela nécessite de mettre en place plusieurs actions :
- S’entourer d’une équipe solide et complémentaire : Il est crucial que l’équipe dispose de l’essentiel des compétences nécessaires à la réalisation technique du projet, mais également des compétences commerciales permettant d’en assurer la vente. Une entreprise Deeptech étant souvent entourée de partenaires et d’acteurs, il est important d’être bon communicant.
- Construire un réseau fiable et monter des partenariats : Les partenariats avec les universités et centres de recherche sont utiles pour faciliter les travaux de R&D et accéder à du matériel de pointe. La proximité avec des investisseurs facilite l’obtention de financements et permet d’obtenir conseils et accès privilégié à certains clients. Un réseau diversifié est toujours utile pour recevoir des conseils ou des expertises ponctuelles. Cela passe notamment par contacter les structures d’accompagnement dédiées à la Deeptech comme les SATT. En France, les Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies ont pour rôle de faire le lien entre les laboratoires et les entreprises. On peut y trouver des associés potentiels et apprendre les bases de la gestion d’entreprise.
- Protéger l’innovation : Que cela soit au travers d’un dépôt de brevet ou d’enveloppe Soleau, la protection de la propriété intellectuelle est un aspect primordial des Deeptech. S’entourer d’un cabinet spécialisé en la matière est plus que judicieux.
- Avoir toujours en tête le marché. C’est le nerf de la guerre mais la longueur et la complexité de certains travaux peuvent reléguer en second plan le marché.
Conclusion
Être reconnu comme Deeptech nécessite une activité visant à résoudre un problème complexe en proposant une solution hautement innovante. C’est un atout fort pour bénéficier du soutien financier des institutions françaises et européennes et pouvoir mener à bien un projet qui, bien souvent, n’aurait pas été réalisable sans un tel financement.
C’est également un gage de crédibilité pour attirer des talents aux compétences rares et demandées (quantique, blockchain, data science…), des partenariats avec des organismes reconnus ainsi que des investisseurs privés.
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