Ce sont souvent les mots qui font peur au moment de rédiger un dossier technique… État de l’art ! Et pas de chance car c’est une partie incontournable pour démontrer votre éligibilité au crédit impôt recherche (CIR) ou au statut Jeune Entreprise Innovante (JEI). On nous pose toujours beaucoup de questions à ce sujet : Quelle méthodologie suivre ? Quel format adopter ? Combien de pages à fournir ? Il était donc temps d’écrire un article pour vous éclairer ! Pour commencer, un peu de sémantique :
L’état de l’art, c’est l’état des connaissances d’un domaine à un moment donné. Il se présente sous la forme d’une synthèse résumant l’ensemble des travaux et solutions connus du domaine. Autrement dit, il permet de savoir où en est l’Homme dans ses connaissances sur un sujet.
Et pour comprendre l’importance de l’état de l’art, il faut revenir à l’essence même du principe de Recherche et Développement. Une activité de R&D commence par une problématique technique que les solutions ou les connaissances du moment du domaine ne permettent pas de résoudre. Soit car elles sont inexistantes, soit car elles ne sont pas transposables à la situation. Vous faites donc face à un blocage, à un verrou technique ou à une incertitude scientifique. Et comme il n’y pas de solutions disponibles (en tout cas pas à votre connaissance) pour résoudre votre problématique, vous allez devoir mener vos propres travaux de R&D pour y parvenir. L’objectif est donc de lever le verrou. En y parvenant, vous contribuer à générer de nouvelles connaissances et faites donc progresser l’état de l’art. Mais pour le prouver, encore faut-il montrer l’état de ces connaissances au démarrage de vos travaux. Vous devez donc rédiger un état de l’art. C’est la base de votre argumentaire dans le cadre d’une démarche de CIR ou d’un rescrit JEI. Et beaucoup de redressements de l’administration proviennent d’un état de l’art mal réalisé ou trop succinct. Dans cet article, nous allons donc vous expliquer comment éviter ces écueils avec une méthode de rédaction en 5 étapes.
Au sommaire de cet article :
Article mis à jour le 22/07/2024
Étape 1 – La formulation de la problématique
Nous l’avons dit en début d’article, une activité de R&D commence par une problématique. Il est donc important de bien la retranscrire et la formuler. L’idée est de faire ressentir l’enjeu des travaux, les objectifs visés mais également les difficultés. Pour une bonne problématique, le sujet doit être bien cadré, bien défini. Cela ressemble à des formulations d’articles académiques. Faites appel ici à vos vieux souvenirs d’école. On retrouve toujours un certain formalisme dans la manière de construire un argumentaire dans le système français. L’état de l’art n’échappe pas à la règle. Il est conseillé de commencer votre état de l’art par une introduction qui s’achève par une problématique robuste. De quoi lancer le développement de l’argumentaire.
Étape 2 – Recherche et sélection des publications
Si vous avez bien construit votre problématique, celle-ci contient tous les principaux mots-clés qui expriment vos travaux de R&D. Ces mots-clés vont vous permettre de trouver les publications et les travaux en lien avec votre sujet. Une bonne pratique est de partir du cœur de votre sujet et d’élargir la recherche.
Il y a différents outils pour trouver de la matière bibliographique, mais vous devriez déjà obtenir suffisamment de résultats en utilisant « Google Scholar », « Thèse.fr », « GitHub » (pour le numérique via l’open source), voire même la barre de recherche classique de Google. Pour un état de l’art bien fourni, il faut compter 5 à 10 sources minimum : articles, brevets, livres, brochures des solutions concurrentes…). La maitrise de l’anglais est un vrai atout car de nombreuses publications sont rédigées dans la langue de Shakespeare. D’où l’importance de savoir formuler son sujet (sa problématique) en anglais.
Autre conseil précieux : commencez par lire l’abstract (sorte de résumé) de chaque article, cela vous permettra de gagner du temps et d’approfondir la lecture uniquement si le problème traité ou les résultats sont en rapport avec votre sujet.
Que faire si votre domaine est encore inexploré ?
« Personne ne fait ce que je fais, je ne peux donc pas rédiger d’état de l’art. » : cette phrase, combien de fois l’avons-nous entendu ? Et même si vous défrichez un nouveau champ, vous vous imaginez bien que la copie blanche ne va pas satisfaire l’administration !
Dans ce cas, il faut trouver des publications qui s’approchent de votre démarche même si elles concernent un autre champ d’application. Car pour rappel, la notion de R&D ne s’apprécie pas que par les résultats obtenus mais aussi par le cheminement adopté. C’est ce que l’on appelle le critère de créativité. L’originalité de votre démarche scientifique doit se distinguer des travaux de développement classique. Ne vous limitez donc pas à votre marché, soyez capable d’étudier des technologies qui pourraient faire l’affaire, même si elles ne sont pas dans votre domaine. Il est important de montrer que, parce que les recherches de connaissances dans votre secteur ont été infructueuses, vous avez été capable d’élargir le périmètre, de regarder d’autres domaines. Il vaut mieux présenter des connaissances éloignées que ne rien montrer du tout !
Étape 3 – La synthèse
Un état de l’art c’est d’abord une synthèse, un panorama des travaux et des connaissances sur un sujet. L’administration attend donc que vous fassiez cet effort d’analyse. Le vérificateur ne se contentera pas d’un simple listing des publications avec une sélection des meilleurs passages. Vous devez donc organiser votre réflexion. Vous pouvez ainsi regrouper les articles par thématiques ou sous-thématiques. Il doit y avoir un cheminement logique. Reformulez les conclusions des articles, faites-les se répondre, se compléter de manière à vous approprier le sujet. Mais cela ne vous empêche pas d’intégrer des graphiques, des schémas, des résultats ou des citations complètes des différentes publications.
N’oubliez pas en revanche de citer vos sources ! Il est d’ailleurs important de faire un recueil bibliographique référençant tout le corpus utilisé.
Étape 4 – La critique
Synthétiser c’est bien, critiquer c’est mieux ! Gardez à l’esprit que le critère premier de R&D est un dépassement de l’état de l’art. Il est donc fondamental d’expliquer en quoi les connaissances actuelles ne permettent pas de répondre à votre problématique, de montrer en quoi les méthodes utilisées ou les résultats obtenus ne sont pas satisfaisants dans votre situation.
À ce titre l’argumentation ultime est d’avoir testé vous-même la méthodologie décrite dans l’article, de restituer un essai et d’expliquer pourquoi cela n’a pas fonctionné chez vous.
Étape 5 – La conclusion
C’est en quelque sorte la synthèse de votre état de l’art ! Elle permet de répondre à l’introduction qui s’était terminée par la formulation de votre problématique. La conclusion met en avant la substantifique moelle des étapes précédentes. Elle permet d’attester du sérieux avec lequel vous avez traité cet état de l’art et de la robustesse de votre R&D.
La conclusion permet de refermer l’état de l’art en pointant les limites des connaissances actuelles. Elle offre une transition parfaite avec la partie suivante du dossier technique justificatif, à savoir l’identification des verrous technologiques ou des incertitudes scientifiques.
Quelques conseils pour la route 😉
Maintenant que vous connaissez les bases, Amandine Perroux, notre experte en fiscalité de l’innovation, vous dévoile 5 conseils pour réussir votre état de l’art !
Par ailleurs :
- Il convient de rédiger un état de l’art par projet de R&D.
- Un état de l’art bien référencé comporte une dizaine de pages.
- L’état de l’art se base sur les connaissances connues et accessibles. L’administration ne vous reprochera de ne pas connaître les méthodes ou les résultats des concurrents si personne n’y a accès. Rassurez-vous, cette méconnaissance ne viendra pas affaiblir le caractère de R&D de vos travaux.
Vous l’aurez compris, l’état de l’art est un exercice qui demande sérieux et rigueur car c’est une des parties les plus importantes du dossier technique justificatif. Un dossier qui peut vous être réclamé par l’administration pour chaque déclaration de CIR et que vous devez fournir dans le cadre d’un rescrit JEI. Et l’administration a des attentes tant sur le fond que sur la forme, c’est pourquoi SELF & INNOV accompagne plus de 500 startups et TPE/PME dans ces démarches. Nous pouvons vous guider dans la rédaction du dossier technique avec notre modèle combinant solution digitale et conseils d’experts. Nous pouvons également prendre en charge l’intégralité du dossier. Pour en savoir plus sur nos offres d’accompagnement, échanger un expert et découvrir notre solution, prenez rendez-vous en ligne.
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